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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 23:20

... enfin presque.

 

Que je vous explique:

 

J'ai un rapport très irrationnel avec la peur. En réalité, je suis agoraphobe. J'ai mis 20 ans à le comprendre, à être diagnostiquée, puis à obtenir des pistes pour avancer. 20 années où j'ai lutté contre mon propre esprit, mon inconscient et mon instinct. 20 années à développer des techniques d'évitement tellement efficaces que très peu de personnes dans mon entourage sont au courant de ma phobie sociale.

 

Durant ces 20 années, je n'ai eu que 2 crises graves. La première à la suite d'un choc émotionnel important, la deuxième après un burn-out. Chacune de ces deux crises m'a clouée sur place. Je n'ai pas pu sortir de chez moi pendant 1 bon mois. Même aller jusqu'à la boîte aux lettres était une épreuve. A chaque fois, je me suis relevée seule, en faisant une pseudo thérapie comportementale maison: je peux le faire, tout va bien se passer, j'avance d'un pas par jour etc...

 

J'ai lu tout ce qui existait sur la question. Sur la peur aussi. Puisqu'il s'agit de cela, même si cette ou ces peurs là ne sont que ressenties et pas réellement définissables. J'ai réussi à faire des études, à travailler, élever des enfants. Je sors normalement si tant est que je sois accompagnée. Je passe même des journées sans y penser.

 

Je me rends compte que j'ai adapté ma vie à cette phobie. Je ne prends jamais le volant sur l'autoroute (heureusement la question ne se pose pas vraiment ici), je ne fais les courses qu'avec chéri (ou ma maman si elle a elle aussi besoin de sortir), je ne vais pas aux réunions parents-profs, j'ai des trajets très précis qui évitent les tunnels, mes déplacements dans le bâtiment où je travaille sont calculés...Sans me rendre compte, tout ce que je fais est maîtrisé. Un imprévu et tout se complique. Entre alors en jeu mes techniques de relaxation et un gros travail de raisonnement, ou alors une fuite en avant.

 

L'agoraphobie c'est du quotidien. C'est comme être allergique, ça vous suit toute votre vie. Pour moi, cela évolue en fonction de mon état de fatigue, le stress que je ressens, mon état de santé. Parfois j'ai une pêche d'enfer et je suis prête à tout, parfois prendre la voiture est une épreuve.

 

J'ai été soignée pour spasmophilie, puis pour hypoglycémie et enfin arythmie cardiaque pendant très longtemps, jusqu'à ce qu'un malaise me conduise une fois de plus aux urgences, et qu'un médecin finisse par comprendre que l'arythmie n'était qu'un symptôme. Je le savais. Mais le fait que quelqu'un mette des mots sur ce mal là m'a permis d'affronter mes démons.

J'ai cherché des explications avec un psy, il y a des ombres dans mon histoire de famille qui pourrait être une origine plausible à ce genre de troubles. Et puis ma mère est une angoissée chronique, qui a souffert toute sa vie de phobies diverses et variées: peur panique de l'eau, des souris, du milieu médical. J'ai pu me débarrasser de certaines peurs qu'elle m'avait inconsciemment transmises: j'ai une piscine, j'ai eu des rats, je me suis lancée dans la PMA...Mais l' agoraphobie, la mienne en tout cas, ressemble à ces peurs intergénérationnelles, celles qui viennent de plus loin dans l'arbre généalogique. J'ai peur de ce dont un ancêtre a eu peur. Mais je ne sais pas encore quoi. J'ai une idée. Mais étonnament, j'ai arrêté mes recherches quand j'ai été près de comprendre.

 

Je crois que je vais les reprendre, ces recherches.

 

Quand je me retourne sur ma vie, je me rends compte de son incohérence: j'ai vécu un mariage difficile, un divorce tout autant, une nouvelle rencontre, un nouveau boulot, 2 FIV...j'ai survécu à tout ça. Et parfois, aller simplement travailler ou aller faire mes courses est insurmontable. C'est aussi ça, ce mal, une incohérence. Inexplicable. Une peur totalement disproportionnée. Mais que l'on ressent physiquement, violemment.

 

Pendant les 6 mois que je viens de passer à la maison, j'ai vécu quasiment normalement. La petite fleur a pris toute la place. A focalisé toutes mes angoisses. Je reprends le travail dans 15 jours. Et depuis 1 mois, j'y repense tous les jours. Je déroule le film de ma reprise pour que le jour J, tout me soit si familier qu'il me sera impossible de me laisser dépasser par ma peur. ça va fonctionner, je n'ai pas le choix. Et surtout je l'ai déjà fait par le passé.

 

Parfois j'aimerai vivre normalement, me sentir libre et complètement autonome. J'aimerai avoir seulement le stress du boulot et pas en plus le stress d'arriver jusqu'à mon bureau.

 

Difficile à comprendre, non?

 

 

 

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commentaires

F
:-) ce que je voulais dire n'était pas ce qu'il fallait faire mais ce que tu faisais! Je trouve que tu trouves de sacrées ressources malgré toutes ces peurs et que souvent c'est quand tu n'es pas<br /> seulle en jeu!! Je t'embrasse!
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B
<br /> <br /> Ben du coup, ça veut dire que je fais ce qu'il faut ;-) Mais oui, j'avais bien compris dans ce sens, et tu as raison, quand je ne suis pas seule en jeu, ou quand je suis très occupée (comme au<br /> boulot pendant les élections) je suis capable de fonctionner quasiment normalement. Alors que seule dans ma voiture à un feu rouge, je peux frôler la perte de connaissance. Avec la poupette à<br /> l'arrière, jamais. C'est dingue comme l'esprit humain est compliqué! Des bisous à toi aussi!<br /> <br /> <br /> <br />
M
Ce n'est pas difficile à comprendre pour moi. Après mon mariage, j'ai fait une grave dépression traduite par des angoisses et une agoraphobie terrible. J'ai été soignée par une psy + médocs. Et la<br /> dépression est partie. Mon méningiome grossissant a peut-etre joué son rôle dans cette triste aventure, mais je sais que sans l'être autant que toi, je suis agoraphobe. C'est le monde dans les<br /> rues, les manifs, les quis de metro encombrés, les rassemblements compacts qui me<br /> stressent. Sinon, ça va. C'est plus gérable que toi. Mais pour l'avoir vécu un temps, je te comprends et compatis. Je ne sais pas si la solution est de trouver les raisons ou d'apprivoiser le<br /> mal... Voir un psy comportementaliste, seule ou en groupe, ça pourrait peut-être t'aider ? En tout cas, tu t'en sors pas mal, mas parfois, ça doit te sembler lourd.<br /> Gros bisous
Répondre
B
<br /> <br /> J'ai essayé le psy, mais ça n'a pas fonctionné, enfin pas aussi efficacement que je le souhaitais. Mais c'est lourd oui, parce que ça rend dépendant d'une tierce personne, et mon chéri, même s'il<br /> est très "soutenant", ne comprends pas vraiment. En tout cas, j'espère ne pas le transmettre à mes enfants, ça m'aide à lutter. Bisous à toi! Et merci pour tes mots!<br /> <br /> <br /> <br />
F
Si seulement on avait la réponse à tout... Mais le courage tu l'as, énorme et bien plus fort que bcp de tes peurs car le courage c'est d'arriver même quand on a peur à se lancer dans tous tes<br /> défis. Finalement quand tu n'es pas toute seule en jeu, tu trouves des ressources insoupçonnées...<br /> Bisous!!
Répondre
B
<br /> <br /> C'est ça le truc, se centrer sur autre chose que soi, se concentrer sur le présent et le concret pour ne pas se laisser envahir par le subjectif...mais ça ne marche pas toujours...<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de mistigrietcompagnie
  • : Après un blog dédié à la PMA et à ma grossesse, il était temps de faire un blog plus généraliste. Non, il n'ya pas que mes enfants dans ma vie, enfin presque...
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Profil

  • mistigrietcompagnie
  • 37 ans et des poussières, un ado, un bébé, des chats, un mari, un boulot... et une vie parfois simple, parfois non.

Quelques dates:

1992:  Le BAC, le permis et la rencontre de celui qui deviendra le père d'Ado chéri.

 

1995: Naissance du futur Ado chéri, j'ai 20 ans et je deviens maman.

 

2000: Couple en perdition. Je suis enceinte. Il ne veut pas en entendre parler, me fait un chantage odieux. IVG. Dépression. 1ère crise d'agoraphobie qui durera 2 mois. Décision de divorcer quand futur Ado chéri aura 10 ans.

 

2005: Ado chéri a 10 ans. Après une énième crise dans mon couple, je fais 2 valises et part avec mon fils et mes 3 chats. On repart à zéro. Rencontre avec celui qui deviendra Chéri.

 

2006: Chéri s'installe avec nous. Divorce conflictuel, mais on repart à 3.

 

2007: On trouve une maison en location pour se faire un nid rien qu'à nous, 1 chat nous attends devant la porte. On prends un chien pour Ado chéri. Félix (the cat) nous rejoint. Si on faisait un bébé?

 

2008: Pas de bébé...On va acheter une maison en attendant...2ème chien pour tenir compagnie au 1er. Tiens? Un chat devant la porte...

 

2009: Des travaux, de la déco, une nouvelle vie qui s'installe, heureuse. Toujours pas de bébé...j'ai 35 ans (et Ado chéri m'offre le 7ème chat de la tribu...) je panique et consulte mon généraliste...je n'ai pas de gynéco...

 

2010: - En janvier, Guenièvre rejoins la tribu (8ème et dernière!).

           -  En février, je consulte la gynéco qui va changer ma vie. Elle nous donne une adresse sur Lyon pour "une grossesse avant la fin de l'année".

           -  En avril, 1er rendez-vous avec la gygy magicienne, examens, verdict: OATS sévère et insuffisance ovarienne. FIV ISCI sans passer par la case départ...

           - En mai, 1er traitement. Ponction blanche en Juin. Fibrome. Il faut opérer.

           - En août, décès de beau-papa. On reporte l'opé. Et on dépose un dossier de mariage. Si jamais...

           - En septembre, on se marie, et je me fais opérer. Les traitements peuvent reprendre.

           - En octobre, nouveau traitement, nouvelles doses. 3 embryons à la ponction. C'est mieux, mais aucun ne dépasse le J2. Je cherche du réconfort et de l'info sur le net. J'ouvre un blog.

           - En Novembre, commission du centre PMA. On ne peut rien pour vous, la stimulation ne fonctionne pas. J'arrête de fumer, repasse en commission pour "élément nouveau". On a droit à une dernière chance.

           - En décembre, repos et vitamines, ostéo et homéopathie. Je remets tout en question. On parle d'adoption mais chéri n'y tient pas. Noël le plus triste de ma vie, sans beau-papa, le ventre vide et sans beaucoup d'espoir.

 

2011: - 7 janvier, on débute le traitement, en protocole court. Ponction le 21. 6 ovocytes. Un record. Le 23, il en reste 3...Le 24, jour du transfert, il en reste 1. Le biologiste est confiant, AA+ mon warrior... Je sais que si il y a transfert, il y aura accroche, mais je ne dis rien, j'ai trop peur de me planter. 

           - 7 février, PDS +++...le taux est bon.

           - 10 février, le taux augmente, mon warrior s'est accroché.

           - 8 juin: écho morpho. Warrior est "une petite minette". 

           - 23 octobre: la petite minette est dans nos bras, enfin! 

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